Première classe au Hombu Dojo après mon arrivée à Tokyo.

Départ pour le Japon

Été 1977

Chiba Sensei avait été rappelé au Japon par le Hombu qui avait besoin de ses compétences linguistiques pour tenter de trouver une solution au développement un peu erratique de l’Aikido dans le monde.
À son retour à Tokyo, il avait commencé à travailler le sabre (Iaido) sous la direction de Mitsuzuka Takeshi dans le dojo du commissariat de Yotsuya. Enthousiasmé, il recommanda à Tamura Sensei d’inviter ce dernier en France pour diriger les cours de sabre durant les stages d’été.

Nouveau choc pour moi : Mitsuzuka Sensei est accompagné de sa femme et nous voyageons d’un stage à l’autre. Il ne parle ni français, ni anglais. Je ne parle pas japonais. Mais le courant passe et la communication s’établit. Je découvre une autre facette des Japonais, différente de celle aperçue chez Tamura ou chez Chiba. Puis il repart au Japon à la fin de l’été.

Je décide de me rendre au Japon afin d’étudier l’Aikido au Hombu et le Iaido avec Mitsuzuka Sensei. Je démissionne de mon poste d’instituteur, rassemble quelques économies et achète un aller simple sur la Korean Air. Quand j’en fais part à Tamura Sensei, ce dernier me conseille de consulter Chiba Sensei qui co-dirige le stage de San Sebastian au Pays Basque début septembre 1977.

Dès que je lui parle de mon projet de me rendre au Japon, Chiba Sensei s’y oppose immédiatement et me demande d’y renoncer. Selon lui il y a déjà trop d’étrangers (surtout des Français) au Hombu, dont je découvre qu’ils sont pour lui une source de maux de tête dans le cadre de ses fonctions.
Mais j’ai déjà acheté mon billet et je lui en fais part.

Mitsuzuku Sensei et sa femme, chez eux en 2006.
Mitsuzuku Sensei et sa femme, chez eux en 2006.

Octobre 1977

J’arrive à Tokyo le 4 octobre 1977 à l’aéroport d’Haneda (celui de Narita n’existe pas encore).
Margaret Marcano, une élève de Chiba Sensei installée depuis peu au Japon, m’accueille et accepte de m’héberger pendant quelques jours. Daniel Boubaud m’offrira ensuite l’hospitalité pendant quelques semaines et m’aidera à trouver mes premiers boulots de traducteur technique.

Si mes souvenirs sont bons, le 4 octobre était un mardi. Dès le mercredi, je téléphone à l’adresse de la famille Chiba. Madame Chiba m’informe que Chiba Sensei est à Nagoya où il enseigne tous les mois dans un dojo dont il a aidé à fonder la section Aikido durant ses années d’uchideshi (Tashiro Dojo). Il doit être de retour le vendredi 7. J’attends donc le vendredi pour faire mon entrée au Hombu, le vendredi étant le seul jour où Chiba Sensei y enseigne.

Chiba Sensei m’inscrit au Hombu (il se porte garant de ma fiabilité et me conduit jusqu’au domicile de Kisshomaru Doshu à qui je suis présenté.

Arrive mon premier cours. Je ne connais personne dans le dojo. Il y a peu de monde à part quelques étrangers (principalement des Américains) et très peu de Japonais.

Après l’échauffement et la première démonstration effectuée par Chiba Sensei, je salue la personne qui se trouve à ma droite. Mon partenaire est une sorte de bête face à laquelle je n’ai strictement aucune chance. Le cours se poursuit et je me prends à penser que, décidément, j’aurais dû acheter un billet aller-retour (ce que je n’ai pas fait par manque de moyens) et que si cet individu était représentatif du niveau au Hombu, j’avais un sérieux problème. Je remarque toutefois que certains des autres étrangers se marrent ouvertement en me voyant.

Chiba Sensei finit par intervenir en japonais (je saurai plus tard qu’il a dit à mon partenaire de me prendre en pitié, que c’était mon premier cours au Hombu, etc.). Plus tard, dans les vestiaires, j’apprendrai des autres élèves que mon partenaire était Shibata Sensei, un shihan chargé de cours au Hombu et connu, disons, pour son dynamisme et sa vigueur.

À l’époque, Shibata Sensei faisait cours le jeudi à 15h, un cours peu fréquenté compte tenu de l’heure mais également de la réputation de son enseignant, où je me suis bien entendu empressé d’aller. Shibata Sensei allait par la suite jouer un rôle très important dans ma pratique et dans mon apprentissage de l’Aikido.

Uke en démonstration par Shibata Sensei au début des années 1980
Uke en démonstration par Shibata Sensei au début des années 1980

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